La Côte d’Ivoire et l’Union européenne lancent un cadre de dialogue sur le cacao durable

25.01.2021
Abidjan

La problématique du cacao durable est au cœur d’une réunion de haut niveau organisée conjointement par le Gouvernement ivoirien et l’Union européenne ce vendredi 22 janvier 2021 à Abidjan. La Côte d’Ivoire est le premier producteur de cacao au monde (45% de la production mondiale avec plus de deux millions de tonnes) et l’Union européen en est son premier acheteur (67% du cacao ivoirien est exportés vers l’UE). De cette réalité économique découle une relation d’intérêts mutuels que les deux partenaires veulent voir perdurer. Toutefois, la production cacaoyère en Côte d’Ivoire est confrontée à trois défis majeurs que sont la déforestation, le phénomène du travail des enfants dans la culture du cacao et l’amélioration des revenus des producteurs. Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence, S.E.M. Patrick Achi constate que « la Côte d’Ivoire d’une part et l’Union européenne et ses États membres, d’autre part, poursuivent des agendas tout à fait compatibles et complémentaires ». L’Ambassadeur de l’Union européenne, S.E.M. Jobst von Kirchmann, souligne qu’« en tant que “Team Europe” nous voulons accompagner la Côte d’Ivoire comme partenaire vers une production durable du cacao. Cela sera un partenariat « gagnant-gagnant » pour la Côte d’Ivoire et l’UE ».

La production cacaoyère ivoirienne est confrontée à de nombreux défis. Des initiatives ivoiriennes et européennes ont vu le jour pour répondre à ces défis de la filière.

Depuis plusieurs années, le Gouvernement ivoirien entreprend des actions pour lutter contre le travail des enfants, la déforestation et pour l’amélioration des conditions de vie des producteurs de cacao, notamment à travers la mise en place de :

  •  Conseil National de Surveillance des actions de lutte contre la traite, l'exploitation et le travail des enfants (CNS) présidée par Madame la Première Dame ;
  •  Comité Interministériel de lutte contre la traite, l'exploitation et le travail des enfants (CIM) ;
  •  Différentiel de Revenu Décent conjointement avec le Ghana ;
  •  Et l’élaboration d’une Stratégie forestière ambitieuse.

A ce jour, ces actions ont donné des premiers résultats encourageants et elles se poursuivent afin de traiter durablement la question avec la mobilisation des partenaires. Il convient désormais de pouvoir intégrer l’ensemble de ces dimensions dans une stratégie globale. Pour ce faire, le Gouvernement ivoirien a entrepris l’élaboration d’un Livre blanc avec pour objectifs de faire un état des lieux (i) des législations ivoiriennes pertinentes, (ii) du programme d’actions de l’Etat et des parties prenantes, (iii) des moyens mobilisés et à mobiliser, (iv) des résultats atteints et des perspectives à venir dans le cadre de l’amélioration de la durabilité de la production cacaoyère.

Au sein de l'Union européenne, les préoccupations des consommateurs européens sur la durabilité de leur consommation et sur les impacts de celle-ci sont désormais très importantes, notamment en ce qui concerne les questions de déforestation, de travail des enfants et de niveau de rétribution des producteurs. Cette préoccupation s’est concrétisée dans l’élaboration par la Commission européenne, à la demande du Parlement européen, d’un projet de Règlement (acte juridique de portée générale et obligatoire) visant à promouvoir la consommation de produits de base et de produits dérivés qui ne soient pas associés à la déforestation et à la dégradation des forêts.En parallèle, une initiative vise à améliorer le cadre réglementaire de l’UE en matière de droit des sociétés et de gouvernance d’entreprise. Elle impliquera, pour les entreprises au sein de l’UE, d’identifier et mettre en œuvre des mesures contre les externalités négatives dans les chaines de valeur, par rapport au changement climatique, l’environnement et les droits de l’Homme (y compris les conditions des employés et le travail des enfants). Ce devoir de « diligence raisonnable » (due diligence) s’applique déjà dans certains Etats européens et sera au cœur de la législation européenne.

De son côté, le Gouvernement ivoirien porte une attention particulière aux questions liées au travail des enfants, à la lutte contre la déforestation et à l’amélioration des revenus des producteurs de cacao à travers l’élaboration d’un Livre blanc sur le « Cacao durable » incluant la réponse stratégique nationale aux défis susmentionnés.

L’UE s’engage à soutenir la mise en œuvre de cette stratégie nationale à travers une « Initiative Team Europe » cacao durable additionnant les actions existantes des Etats membres de l’UE, comme par exemple les plateformes « Beyond Chocolate » (Belgique), « DISCO » (Pays Bas), « GISCO » (Allemagne), avec d’importants financements en dons et prêts de l’UE, des Etats membres ainsi que de la Banque européenne d’investissement (BEI). L’objectif est d’accompagner la Côte d’Ivoire vers une production durable du cacao.

Pour faciliter les échanges entre les plateformes de Bruxelles et Abidjan, la réunion de groupes thématiques est envisagée pour appréhender toutes les questions liées à la transition vers des modes de production durable du cacao, afin d’habiliter les opérateurs ivoiriens à satisfaire aux exigences de la législation européenne en cours de préparation.

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