Honorable Maneesh Gobin, Ministre de l'Agro-Industrie et de la Sécurité alimentaire

Madame la Directrice du FAREI

Mesdames/Messieurs représentants des différents ministères et départements

Mesdames et Messieurs les opérateurs engagés dans le domaine de l'agriculture

Les membres de la presse

Distingués invités

Je tiens tout d’abord à vous présenter les salutations de l’Ambassadeur de l’UE qui - pris par d’autres engagements professionnels ce matin - n’a pu se joindre à vous pour cet évènement.

Excellence, Mesdames et messieurs

J’ai le grand plaisir de vous adresser ces quelques mots dans le cadre du programme DESIRA, financé par l’UE, avec ce matin : premièrement le lancement de l’atelier sur la gestion de sol; et deuxièmement l’inauguration du laboratoire pour l’analyse du sol, de l’eau et des plantes.

Vous le savez mieux que moi, nous abordons ici le facteur le plus important pour l’agriculture : le sol. Ce n’est que dans un sol sain et équilibré en nutriments, que les cultures exprimeront tout leur potentiel. Ce n’est qu’avec une microfaune du sol abondante et active, que les pestes et maladies des plantes pourront être gardées sous contrôle. Ce n’est qu’avec un sol aéré et riche en matière organique, que l’humidité si précieuse en période de sécheresse pourra se conserver. Comme le dit le principe fondateur de l’agriculture biologique : il faut nourrir le sol pour nourrir la plante.

Malheureusement, une très grande partie des sols du monde est au contraire dégradée ou en cours de dégradation : érosion, compactation, salinisation, microfaune absente, toxicité, pollution des nappes phréatiques sous-jacentes, etc.

A Maurice et à Rodrigues aussi, cette problématique est réelle, sur une partie des sols. Mais la dégradation n’est pas toujours irréversible. Nous pouvons inverser la tendance, et prendre soin de nos sols agricoles. Comme le font très bien de nombreux agriculteurs, avec une application judicieuse des engrais organiques et minéraux, des méthodes de lutte intégrée contre les pestes et maladies, une gestion précise du labour et du passage des machines, ainsi que du pâturage du bétail, etc. Il est loin le temps où tout problème de fertilité, d’humidité ou de maladies se gérait « tout simplement » par encore un peu plus d’engrais chimiques et ou de pesticides. Ce n’est une solution ni pour l’agriculteur, pris dans une coûteuse fuite en avant, ni pour le consommateur affecté par la pollution de l’eau et des aliments.

C’est pour cela que le lancement aujourd’hui du Laboratoire d’Analyse des Sols est un grand événement. En fournissant aux agriculteurs des services d’analyse, il leur permettra de raisonner avec précision la gestion de leurs sols et de leur eau. Le laboratoire s’est justement doté de nouveaux équipements financés par l’Union européenne dans le cadre du programme DESIRA. Des équipements qui permettront des analyses régulières de la qualité de l’eau et du sol afin de garantir sa qualité. Par ailleurs, le laboratoire soutiendra la recherche sur les sols, dont le fonctionnement recèle en fait encore bien des mystères.

Cette attention accrue aux sols et à l’eau témoigne donc de l’engagement de votre gouvernement au développement des agriculteurs et de la sécurité alimentaire nationale, mais aussi à la préservation de l’environnement. L’effet néfaste d’une l’utilisation non contrôlée des engrais synthétiques et des pesticides est de plus en plus connu et documenté. On observe une réelle volonté – tant au niveau des autorités qu’au niveau des ONGs - à faire face au problème. Les consommateurs deviennent – de leur part – également plus avisés et alertés. Et on doit s’en réjouir.

Quid des agriculteurs?

Cette prise de conscience appelle à un changement dans les pratiques des agriculteurs, afin de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et aux défis de la conservation des sols et de l’eau (face aussi au changement climatique). Les produits bio représentent d'ailleurs un marché de niche – qui n'attend qu'à être exploité. Il y a 2 semaines justement, la chambre d’agriculture organisait avec l’association Colead, financée par l’UE, une présentation de son offre de services aux agriculteurs, pour mieux gérer la santé de leurs cultures et réduire leur usage des pesticides.

Mesdames et messieurs,

Au-delà de ces projets, nous avons l'opportunité d'engager une réflexion et un dialogue sur les autres aspects de cette agriculture raisonnée, en particulier l'application du cadre législatif pour assurer un meilleur respect et gestion du sol et des ressources en eau. Il est essentiel d’avancer sur l’adoption et surtout la mise en œuvre des legislations et politiques sur l'utilisation des pesticides, la biomasse, l’aménagement du territoire, etc.

Mesdames et Messieurs,

Partenariat continu Europe - Maurice

L'Europe se réjouit de cette opportunité d'accompagner le gouvernement de Maurice dans cette initiative innovante qui vise améliorer la gestion du sol et de l’eau.  Ensemble nous avons développé plus de 5 décennies de partenariat, et la protection des ressources naturelles et des biens communs a toujours été au centre de nos engagements. Cet collaboration appui également Maurice à remplir ses engagements pris lors du COP 21 en matière d'adaptation au changement climatique.

L'agriculture raisonnée figure comme une des priorités de ce cadre. A ce jour, la Team Europe finance plus de 20 projets qui touchent soit à l'adaptation au changement climatique soit à son atténuation, dont 7 projets dans le domaine agricole (agroécologie, semences, SPS, horticulture, irrigation, élevage, indications géographiques protégées, etc). Ces projets interviennent en complémentarité avec les actions menées par la France dans ce domaine, à travers l'AFD et la Région Réunion.

Maurice peut continuer à compter sur la Team Europe pour atteindre ses objectifs de sécurité alimentaire et de productions agricoles saines dans le respect de l'environnement.

EU Green deal et action climatique

Mesdames et messieurs,

Plus largement, au niveau européen, dans le cadre de son "Pacte Vert pour l’Europe", l'UE affirme son engagement à réduire des pesticides et à l'augmentation des surfaces consacrées à l’agriculture bio.

A ce titre, la Commission européenne a récemment présenté ses stratégies "Biodiversité à l’horizon 2030" et "de la ferme à la table" (from farm to fork). Elles auront un poids majeur pour promouvoir une agriculture plus durable, plus respectueuse de l'environnement et plus saine pour les consommateurs. Avec notamment comme objectifs :

〉25% de surfaces agricoles en agriculture biologique d'ici 2030;

〉Réduction de 50 % de l'utilisation des pesticides chimiques, d'ici à 2030;

〉Réduire l'utilisation d'engrais d'au moins 20 % d'ici 2030 et d’au moins 50% les fuites de nutriments et la pollution à l’azote et au phosphore;

〉Garantir l'accès au haut débit à toutes les zones rurales d'ici 2025 pour permettre de généraliser l'agriculture de précision et l’innovation numérique;

〉Réduire de 50 % l’utilisation d'antibiotiques destinés aux animaux d'élevage et à l'aquaculture d'ici à 2030.

L'agriculture plus durable constitue donc une priorité de la politique interne de l'UE. Par ailleurs, l'Europe reste déterminée à jouer un rôle de 'leader' au niveau mondial dans ce domaine. Nous sommes heureux de pouvoir ainsi dialoguer avec Maurice sur ces enjeux communs, et d'agir ensemble, dans les instances internationales, pour la sécurité alimentaire globale et la protection de notre planète.

Je vous souhaite un atelier de travail fructueux.

Merci de votre attention.