Discours de l'ambassadrice au séminaire "Autonomisation économique des femmes et le digital"
Madame la Ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille
Monsieur le Directeur Général de Bank Al-Maghrib
Monsieur le Directeur de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement au Maroc
Chers collègues,
Mesdames et messieurs,
C’est un honneur de participer avec vous à l’ouverture de cette rencontre que nous organisons avec Bank Al-Maghrib; la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, et en collaboration avec le Ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, sur le thème : « Autonomisation économique des femmes et digital ».
Je saisis cette occasion pour remercier Mme la Ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, et M. le Directeur Général de Bank Al-Maghrib d’être parmi nous aujourd’hui à ce séminaire, que, je le rappelle, est l’une des actions organisées autour du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Je souhaite également souligner la présence aujourd’hui parmi nous, des Ambassadeurs des Etats membres de l’Union européenne, ou leurs représentants, pour participer dans les échanges.
Mesdames et messieurs,
Nous avons voulu tenir ce séminaire dans le contexte des évènements organisés autour de la journée internationale des droits de la femme pour favoriser un espace de réflexion sur un des chantiers dont nous nous engageons en priorité aux côtés du gouvernement du Maroc et la société civile : la participation des femmes à la vie active.
Il s’agit ainsi d’une occasion pour mesurer le chemin parcouru et ce qui reste à accomplir, identifier les défis ainsi que les moyens d’action, et avec ceci donner une impulsion décisive à l’élimination des inégalités de genre, et dans le contexte d’aujourd’hui à l’autonomisation et l’insertion économique des femmes.
C’est avant tout une question de réalisation des droits des femmes, une obligation morale, mais c’est aussi une opportunité à saisir en termes de bénéfices économiques. En effet, les inégalités ont un coût économique majeur, car elles pèsent sur la croissance et le développement social. L’irrationalité de ne pas utiliser toutes les ressources – nous avons tous entendu à plusieurs reprises les chiffres qui nous parlent des pertes en termes de croissance économique -, donc, nous appelle à l’action, avec plus de détermination, afin de définir et mettre en œuvre de politiques publiques visant à éliminer les obstacles visibles et invisibles qui entravent encore l’accès des femmes à la vie active.
Dans ce contexte se place l’action conjointe entre l’Union européenne– avec ses 27 Etats membres – et le Maroc. L’égalité hommes-femmes est au cœur du partenariat euro-marocain de prospérité partagée fondé sur un espace de convergence de valeurs.
Dans son discours prononcé à l’occasion du 23ème anniversaire de la Fête du Trône, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insisté une fois encore, sur la nécessité que la femme marocaine apporte son plein concours dans tous les domaines.
Des avancées ont été faites mais les résultats sont loin d’être réconfortants et il y a aussi des pas en arrière. La population active reste peu féminisée avec une part de 23,5%. Le taux de participation des femmes au marché du travail formel était d’environ 20% en 2022 et il est en baisse.
En milieu rural, la participation au marché de l’emploi des femmes s’est plus nettement érodée. Les femmes sont employées dans leur quasi-totalité de manière informelle, rendant leur situation encore plus précaire.
Les femmes sont disproportionnellement touchées par le travail précaire et mal rémunéré, l’absence de protection sociale, le manque de protection efficace face au harcèlement sexuel sur le lieu du travail, et des difficultés à pouvoir s’organiser et revendiquer leur droit au travail décent. Elles font face aussi à des discriminations salariales et d’embauche.
Concernant l’entrepreneuriat féminin, les dernières études font état d’une baisse d’entreprises appartenant à des femmes passant de 31,3 % à 16,1 % selon la Banque Mondiale. Leur potentiel de croissance et de développement est actuellement limité en raison d’un accès insuffisant au financement, à la technologie mais aussi à l’accompagnement. Les témoignages que nous entendrons aujourd’hui nous éclaireront probablement sur ces facteurs limitatifs mais aussi sur les éléments qui permettent de réussir.
Les femmes demeurent les premières victimes de l'analphabétisme, de l'abandon scolaire. Les filles économiquement vulnérables se trouvent encore à décrocher trop tôt.
Il s’agit de briser les plafonds de verre : dans les conseils d’administration, la direction des entreprises, la création d’entreprises même. Et il s’agit aussi d’aplanir les chemins rocailleux pour que les plus vulnérables aient accès au marché de travail dans de conditions appropriées, légales et soutenables.
Des nombreux chantiers sont ouverts au Maroc : le nouveau modèle de développement parle d’harmoniser le cadre juridique avec les engagements internationaux et constitutionnels et éliminer les clauses discriminatrices existantes. L’ouverture du débat sur une révision du code de la famille permettra de redéfinir les mesures pour protéger les femmes tout autant qu’une réforme du code du travail ou la révision du code pénal. L’objectif affiche par le programme Maroc-Attamkine, de porter à 30% le taux d’activité économique des femmes.
Face à ces ambitions, l’UE est pleinement mobilisée pour apporter notre soutien au gouvernement. L’Union européenne se joint ainsi à l’effort national en matière de droits des femmes et de promotion de l’égalité dans l’accès à l’éducation, à des formations professionnelles qualifiantes, à l’emploi décent, à l’entrepreneuriat et à l’égalité professionnelle.
Le digital constitue une véritable opportunité d’autonomisation et d’insertion des femmes dans la vie économique, et c’est aussi un défi auquel sont confrontées les entreprises. Cette année, la journée internationale des droits des femmes se déroule sous le thème : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ».
L’Union européenne est convaincue que les technologies et la numérisation peuvent changer la donne en termes d’accélération de l’égalité entre les hommes et les femmes et d’œuvrer en faveur d’une participation pleine, égale et significative des femmes, dans toute leur diversité, et ce dans tous les domaines et à tous les niveaux de la vie publique et politique.
Je vous remercie de votre attention.