Déclaration conjointe dans la perspective de la Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines

06.02.2020
Brussels

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Dans la perspective de la Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines, le 6 février 2020, M. Josep Borrell, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité/vice-président de la Commission, Mme Vĕra Jourová, vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence, Mme Helena Dalli, commissaire chargée de l'égalité, et Mme Jutta Urpilainen, commissaire chargée des partenariats internationaux, ont réaffirmé conjointement la détermination sans faille de l'Union européenne à éradiquer les mutilations génitales féminines au niveau mondial, en déclarant:

«Les filles et les femmes ont le droit exclusif de prendre les décisions qui concernent leur corps. Aucune ne devrait avoir à subir de violences ou d'abus physiques, en aucune circonstance. Les mutilations génitales féminines constituent une violation grave des droits humains et une atteinte dangereuse à l'intégrité physique des femmes.Aujourd'hui, nous unissons nos voix, pour dire: ça suffit! Tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales!

Dans son programme pour l'Europe, Mme von der Leyen a placé la prévention des violences à caractère sexiste et la protection des victimes au cœur de la politique d'égalité de l'UE. La future stratégie européenne en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes abordera toutes les formes de violence à l'égard des femmes, et notamment les mutilations génitales.Actuellement, l'Union européenne finance sept projets en cours au Portugal, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas et en Allemagne dans le cadre du réseau européen mis en place pour mettre fin aux mutilations génitales féminines. La Commission continue également à apporter son financement au volet Daphné des programmes de l'Union, pour des projets visant à combattre les violences à caractère sexiste.

L'Union européenne aborde en outre les moyens de lutter contre les mutilations génitales féminines avec les pays avec les pays partenaires dans le cadre de ses dialogues sur les droits de l'homme. Il s'agit notamment d'adopter des lois et des réglementations visant à empêcher et à criminaliser ces pratiques, d'offrir des services de prévention, de protection et de soins, de sensibiliser aux conséquences de ces pratiques, ou encore de développer les capacités des praticiens. Ces démarches sont renforcées par la mise en œuvre de projets concrets. En parallèle, l'Union européenne investit également des sommes considérables pour mettre un terme aux violences commises contre les femmes et les filles dans les pays les plus touchés, dans le cadre de l'initiative conjointe «Spotlight» de l'Union européenne et des Nations unies.

Il convient toutefois de ne pas en rester là. En effet, malgré les engagements politiques et les investissements de plus en plus importants consentis pour mettre fin aux mutilations génitales féminines d'ici 2030, les changements sont trop lents. L'Union européenne est déterminée à collaborer avec les survivantes, les communautés concernées et les experts pour déconstruire les stéréotypes et les normes sociales de genre et mettre fin à ces pratiques de mutilations génitales. Aucune coutume, tradition, culture ou religion et aucun «honneur» ne sauraient justifier que de tels actes criminels soient commis en violation des droits des femmes et des filles.

Nous continuerons notre lutte pour éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles et pour éradiquer définitivement les mutilations génitales féminines.

Contexte

Les mutilations génitales féminines recouvrent, selon la définition qu'en donne l'Organisation mondiale de la santé, toutes les pratiques consistant en l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou en toute autre lésion des organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales.

On estime que plus de 200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi des mutilations génitales, dont au moins 500 000 en Europe. Selon des estimations récentes, le nombre de filles excisées entre 2015 et 2030 devrait s'élever à 68 millions, dans 25 pays.

Les mutilations génitales féminines sont pratiquées pour des raisons culturelles, religieuses ou sociales sur des filles âgées de 0 à 15 ans. Elles constituent une forme de maltraitance des enfants et de violence à l'égard des femmes et des filles. Elles ont de graves conséquences physiques et psychologiques à court et à long termes.

De nombreuses filles et femmes vivant dans l'Union européenne risquent de subir ou ont subi, elles aussi, des mutilations génitales. L'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes a mené des recherches sur ce phénomène dans l'Union européenne et a publié une étude sur la prévalence des mutilations génitales féminines en Belgique, en Grèce, en France, en Italie, à Chypre et à Malte.

Les mutilations génitales féminines constituent une forme de violence à l'encontre des femmes et ont été érigées en infraction pénale par la Convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe. Cette convention a été signée par tous les États membres de l'UE et 21 d'entre eux l'ont ratifiée à ce jour. En juin 2017, l'UE a signé la convention et prévoit de la ratifier.

L'Union européenne reste attachée à la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui aborde la question des mutilations génitales féminines dans le cadre de son objectif 5 «Parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles» et de sa cible 5.3 relative à l'élimination des pratiques préjudiciables.

Dans les domaines de l'action extérieure et de la coopération au développement, l'éradication des mutilations génitales féminines a constitué l'une des actions prioritaires du plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie 2015-2019. Par la suite, des actions spécifiques ont été menées, et notamment le programme conjoint sur l'abandon des mutilations génitales féminines, qui a consacré 11 millions d'euros à la lutte contre ces pratiques dans 17 pays partenaires.

Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur les mutilations génitales féminines et sur les mesures prises par l'Union européenne pour éradiquer ces pratiques, voir les Q&A:

https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/qanda_20_192