L'UE s'engage pour des solutions multilatérales efficaces face à la crise

07.05.2021

«Nous ne voulons pas vivre dans un monde où «force fait loi», mais un monde dans lequel des institutions fortes, des règles établies et le droit international constituent la base d’une coopération mondiale», écrivent deux ambassadeurs européens en poste à Genève, Joao Aguiar Machado, Ambassadeur, Représentant Permanent de l’UE auprès de l’OMC et Thomas Wagner, Ambassadeur, Chargé d’Affaires, Délégation de l’UE auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève

Article publié dans le TEMPS 06/05

Chaque année, nous célébrons la Journée de l’Europe le 9 mai, en mémoire du 9 mai 1950, lorsque le Ministre Français des Affaires Étrangères Robert Schuman, présenta au monde sa vision d’une coopération politique en Europe. Ce fut le début du processus d’intégration européenne qui nous mène aujourd’hui à assumer des responsabilités croissantes d’acteur international fort au service d’un monde plus prospère, plus stable et plus juste.  

 

Cette année, nous célébrons la Journée de l’Europe alors que nous sommes confrontés à la plus grande crise sanitaire et économique depuis notre fondation. Dès le début de cette pandémie, l’UE a choisi la voie de la coopération mondiale car dans cette lutte, seule une réponse multilatérale est possible et ce, à tous les niveaux: pour limiter la propagation du virus, stimuler la recherche sur le traitement et les vaccins, s’attaquer aux conséquences de cette pandémie dans les pays en développement, et œuvrer à la relance économique. Le monde entier doit être vacciné, pas seulement nous-mêmes ou nos voisins proches. Et nous devons vacciner plus rapidement que le virus ne mute! Pour y répondre efficacement, nous sommes l’un des principaux donateurs de la facilité COVAX, une initiative internationale en faveur d’un accès équitable global aux vaccins contre la COVID-19. Nous sommes également le principal exportateur de vaccins contre la COVID-19 à travers le monde et le seul exportateur parmi les pays de l’OCDE.

 

La crise sanitaire actuelle ne doit pas nous faire oublier la gravité de la menace que représentent les crises environnementales pour l’avenir de l’humanité, que ce soit le changement climatique ou la perte de biodiversité. Et malheureusement, il n’y aura pas de vaccin pour nous protéger de la hausse des températures. Certes, nous devons aplanir la courbe des infections mais aussi celle des émissions. Après cette pandémie, la reprise doit être porteuse de transformations. Nous sommes déterminés à «mieux reconstruire». L’un des objectifs principaux de l’UE pour les années à venir est de parvenir à une transformation écologique de son économie telle que définie par le « Green Deal » européen. Toutefois, l’action de l’UE seule ne suffira pas si on veut parvenir à une réelle transformation écologique. Nous avons besoin d’une action mondiale robuste et étroitement coordonnée, menée dans un cadre multilatéral. Pour ce faire, le système multilatéral tel que nous le connaissons actuellement doit être réformé afin de tenir compte des changements majeurs qui se sont produits depuis l’après-guerre et se produisent actuellement. L’UE, avec tous les leviers d’influence politiques et économiques à sa disposition, continuera à œuvrer au renforcement de ce système et à convaincre nos partenaires de la nécessité impérieuse de trouver des solutions multilatérales efficaces aux problèmes mondiaux. C’est ce que nous aspirons à réaliser à Genève, en partenariat avec les Nations Unies, l’OMC et toutes les autres instances multilatérales.

 

Le commerce est l’un de ces leviers. Il est au cœur de la prospérité économique et de la compétitivité de l’UE, soutenant à la fois un marché intérieur dynamique et une action extérieure affirmée. L’UE est le premier négociant au monde et occupe également la première place dans les investissements internationaux. Cependant, cette ouverture et cette constance ne sont pas les seuls principes directeurs de la politique commerciale de l’UE. Nous ne sommes pas naïfs. Si nous sommes favorables à des approches coopératives à chaque fois que cela est possible, nous n’hésiterons pas à faire respecter nos droits et à défendre nos valeurs de manière plus ferme et, le cas échéant, de manière autonome, toujours dans le respect de nos obligations internationales. Nous agissons et agirons de manière multilatérale partout où nous le pouvons, de manière autonome là où nous le devons, et ce toujours dans le respect des règles mondiales.

 

La coopération internationale est un processus complexe, souvent lent et délicat, mais nous savons qu’elle fonctionne. C’est le seul système capable d’assurer la paix et la prospérité à long terme et de relever les défis mondiaux, des pandémies au changement climatique. Nous ne voulons pas vivre dans un monde où «force fait loi», mais un monde dans lequel des institutions fortes, des règles établies et le droit international constituent la base d’une coopération mondiale. Nous sommes convaincus que le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui a besoin de davantage de multilatéralisme, et non l’inverse. C’est ce que défend l’UE, à Genève et au-delà.

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