"Donnez aux femmes les opportunités de progresser !"

08.03.2021

Le lieutenant-colonel Florbela Carrilho est conseillère stratégique en planification opérationnelle pour la mission
EUAM RCA en République centrafricaine.

De nationalité portugaise, elle fait carrière dans la police depuis plus de 30 ans et est mère de 4 enfants. Elle attend depuis 20 ans l'occasion de mettre ses compétences au service d'une mission civile comme l'EUAM RCA. Grâce à l'aide de sa famille, de ses amis et de ses collègues qui l'ont soutenue chez elle et l'ont encouragée dans son désir, elle conseille aujourd'hui les policiers de Bangui. À l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme 2021, Florbela nous donne un aperçu de sa carrière dans la police.

Comment êtes-vous devenue une policière ?

Un de mes cousins, policier de profession, a raconté un jour à mon frère à quel point son métier était fascinant et s'il souhaite suivre cette voie aussi. Mon frère n’a pas été intéressé mais moi j’ai immédiatement été captivée. A ma question de savoir si les femmes peuvent devenir policier, la réponse a été "oui". J'ai donc commencé ma formation dans la police peu de temps après. J’étais l'une des premières femmes à intégrer l'École supérieure de police au Portugal et je ne l'ai jamais regretté cette décision !

Vous n'étiez pas seulement une policière, mais vous dirigiez des équipes ?

C'est vrai, j’ai été le commandant de 700 policiers, dans une région du district de Lisbonne, pendant 4 ans.

Puis, je suis devenue chef de la zone opérationnelle de Lisbonne pendant 2 ans. A ce moment je commandais 8000 policiers, essentiellement des hommes. Je leur ai demandé un jour si cela faisait une différence d'avoir une femme comme supérieure. : la réponse a été ‘’oui’’. Outre le fait que les femmes communiquent plus aisément et sont plus à l’écoute de leurs subalternes, elles sont aussi plus polyvalentes car habituées ‘’à jongler’’ avec de multiples activités. J’ajouterai, mais là il s’agit de mon opinion personnelle, que les femmes qui décident de faire carrière se montrent souvent plus déterminés car elles savent qu’elles vont devoir davantage prouver leurs capacités.

Y a-t-il eu aussi des moments où vous avez dû accepter la défaite ?

Oui, bien sûr. Une fois par exemple, j'ai postulé avec un collègue à un cours à L'École nationale supérieure de la Police (ENSP). Notre patron a choisi mon homologue arguant du fait que j'étais soi-disant surqualifiée. L'important est de ne pas se laisser dissuader. Personnellement je regarde toujours vers l'avant, jamais vers l'arrière, et qui sait, je serai peut-être un jour directrice générale de la police au Portugal. !

Beaucoup de femmes ont vécu des choses terribles en République centrafricaine, comment la police doit-elle réagir ?

Le plus important est que les femmes qui veulent porter plainte soient accueillies par un personnel formé, sensibilisé et expérimenté. C'est ce à quoi nous travaillons dans le cadre de notre mission. Nous avons besoin d'une police professionnelle et digne de confiance de la population. Les femmes policières jouent un rôle très important et je suis heureuse de dire que plus de 25 pour cent des policiers sont des femmes en Centrafrique. En principe, les femmes victimes qui s’adressent à la police devraient décider elles-mêmes si elles veulent être accueillies et écoutées par un homme ou une femme.

Vous êtes un bon exemple d'une policière qui a réussi et vous l'avez fait toute seule ?

Eh bien, pas toute seule. J'ai reçu beaucoup de soutien et c'est pourquoi mon appel est : "Donnez aux femmes les opportunités de progresser et de montrer de quoi elles sont capables." J'entends par là la politique, la société, les institutions, mais aussi notre propre famille et nos amis. Sans le soutien de ma famille et de mes amis, je ne serais pas ici aujourd'hui.

Mise à jour : 08.03.2021

@EUAM RCA0808@EUAM RCA

 

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