Le partenariat entre la Mauritanie et l'Union européenne est basé sur un dialogue politique, des relations économiques, commerciales et une coopération couvrant de nombreux domaines. 

Relations Politiques

Les pays signataires de l’accord de Cotonou, sur lequel reposent les relations entre l'UE et la Mauritanie, se sont engagés à respecter certaines conditions en matière de droits de l'homme, de gouvernance et d’État de droit. Dans ce cadre, des réunions de dialogue politique ont été mises en œuvre avec le gouvernement mauritanien, les partis d’opposition et la société civile. 

En novembre 2005, suite au coup d’État, les progrès effectués en matière de démocratie et d’État de droit se sont traduits par la décision de financer des projets de soutien au processus de transition. C'est aussi dans ce cadre que se sont inscrites les élections de 2006-2007 qui ont bénéficié d'une observation de l'UE. 

En 2008, un nouveau coup d’État a marqué la suspension de la majeure partie de la coopération UE-Mauritanie et des projets y afférents. Ce gel de la coopération a pris fin avec la signature de l’accord de Dakar en juillet 2009. Cet accord a établi la base pour la sortie de la crise politique et un retour à l'ordre constitutionnel. 

À partir de l’accord de Dakar, le gouvernement mauritanien a adopté une série d'engagements de bonne gouvernance en matière de droits de l'homme, de participation de la société civile, de dialogue avec l'opposition ou d'ouverture des médias audiovisuels. La reprise complète de la coopération est effective depuis en 2010. 

Soutien de l’Union européenne à la réponse contre la Covid-19 

En Mauritanie, l’Equipe Europe a apporté un soutien de 35 Mill en appui au Plan national multisectoriel de réponse au Covid-19, présenté par le gouvernement en mai 2020, avec des actions concrètes dont certaines étaient déjà en cours sur le terrain.  

Sur le plan socioéconomique, l’Equipe Europe a mené des actions pour appuyer l’économie nationale, en soutien aux revenus des ménages les plus modestes, pour le renforcement de la résilience et de la sécurité alimentaire et en appui du secteur privé en particulier les petites et moyennes entreprises.  

L’Union européenne et ses Etats membres (sous le label Team Europe) soutiennent la campagne de vaccination lancée le 26 mars 2021 par le Président de la République. La Mauritanie est un pays bénéficiaire de l’initiative Covax. Elle a reçu un premier lot de 69 900 doses du vaccin AstraZeneca le 14 avril 2021. Le pays a également bénéficié d’un don français de 105 600 doses via l’initiative Covax réceptionnés en mai 2021.

Relations Économiques

Les relations économiques entre la Mauritanie et l’UE se développent dans le cadre de l’accord de Cotonou. Le Fonds européen de développement (FED) en est le principal outil financier et comprend plusieurs instruments : 

  • Dons.
  • Capitaux à risque.
  • Prêts au secteur privé. 

En 2014, l'UE a décidé d'octroyer 195 millions d'euros à la Mauritanie afin de permettre la réalisation de projets d'accès dans différents domaines. Ainsi, l'UE est le premier bailleur international en Mauritanie. 

Chaque FED est conclue pour plusieurs années. Le 10ème FED, qui s'est étendu sur la période 2008-2013, disposait d'un budget de 22,7 milliards d'euros. Le 11ème FED, d’un montant de 195 millions d’euros, s’étend sur la période 2014-2020.  Le financement du FED est complété par les instruments budgétaires suivants : 

  • L’instrument de financement de la coopération au développement (ICD).
  • L’instrument de stabilité.
  • L’instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH).
  • Instrument d'aide humanitaire. 
  • Le Fond Fiduciaire d'Urgence pour le Sahel et le Lac Tchad.

Relations Commerciales

Les relations commerciales entre la Mauritanie et l’UE sont régionales et nationales. 

Sur le plan régional, la Mauritanie est signataire des accords de partenariat économique (APE) la liant à l'UE. Ces accords permettent un meilleur lien entre commerce et développement. 

Sur le plan national, l'UE a lancé avec la Mauritanie le projet d'appui au commerce et au secteur privé (2011-2014). Ce projet, financé par l'UE à hauteur de 5 millions d'euros, visait à contribuer au renforcement de la compétitivité de l'économie mauritanienne et à faciliter son insertion dans l'économie régionale. Il visait à donner les outils indispensables pour que la Mauritanie puisse tirer un maximum d'avantage de l’APE entre l'UE et de l'Afrique de l'Ouest. Les résultats attendus de ce projet sont : 

  • Le renforcement des capacités des structures organisées impliquées dans le commerce.
  • Le développement et la promotion du commerce, de sa compétitivité et de son expansion.
  • L'appui à la mise à niveau et au développement des secteurs/filières à potentiels. 

Dialogue avec la Société Civile

Depuis la signature de l'accord de Cotonou en 2000, un des objectifs de l'UE en Mauritanie est de favoriser l'émergence d'une société civile active, organisée et impliquée dans l’élaboration et la mise en œuvre de toutes les stratégies de développement. Dans ce but, l'UE encourage le dialogue entre institutions et citoyens, et invite les Organisations de la société civile et l'État à contribuer dans tout exercice de planification avec leurs visions complémentaires. La Feuille de route de l'UE pour l'engagement de l'UE avec la société civile en Mauritanie se donne l'objectif de bien coordonner cette approche commune à l'Union européenne et aux Etats membres présents en Mauritanie. 

Entre 2006 et 2011, l'UE a financé le Programme d'appui à la société civile et à la bonne gouvernance (PASOC), un premier pas vers le renforcement des capacités des Organisations de la société civile œuvrant en Mauritanie. Cet effort a été poursuivi entre 2013 et 2016 par le Programme de l'Union européenne pour la société civile et la culture en Mauritanie (PESCC), qui a permis la structuration et le renforcement des organisations de base dans 6 wilayas du pays et accompagné le dialogue entre l'Etat et les Organisations de la société civile dans les secteurs de l'éducation et de la santé. 

À partir de 2017, c’est le programme thématique Organisations de la société civile (OSC), financé par le budget communautaire, qui supporte les activités et la formation des Associations mauritaniennes, en partenariat avec les ONG locales et internationales. 

Régulièrement, des rencontres sont organisées entre les acteurs de la société civile, les organisations de défense des droits de l'homme et les représentants des États membres de l'UE en Mauritanie afin de (i) de dresser un bilan partagé de la situation du pays, (ii) définir les besoins et revendications des acteurs locaux, (iii) permettre aux associations de la société civile d'exprimer leurs besoins et ceux des personnes qu'elles représentent dans le cadre de la définition des politiques et actions de coopération et développement.

Coopération au Développement

Le partenariat entre la Mauritanie et l’Union européenne s’est développé dans le cadre de l’accord de Cotonou et actuellement dans le cadre du NDICI – Global Europe.

Ces deux cadres comprennent plusieurs instruments : 

  • Dons
  • Prêts au secteur public et privé
  • Garanties au secteur public et privé. 

Dans le cadre du NDICI, le MIP 2021-2024 (Plan Multi-annuel) a été approuvé en décembre 2021 et porte sur un montant de 125m EUR.

Il s’articule autour de trois domaines :

·         Renforcement du développement humain (santé, éducation),

·         Transition vers une économie verte et bleue (énergie propre, chaines de valeur des produits halieutiques, système alimentaires durables) 

·         Gouvernance (modernisation de l’administration publique et gestion, des finances publiques, sécurité et stabilité, migration).

En parallèle deux Team Europe Initiative sont en construction sur deux domaines : « le renforcement du développement humain » et « la transition vers une économie verte et bleue » avec l’Allemagne, la France et l’Espagne.

 

 

Pêche et Affaires Maritimes

35 ans de relations dans le secteur de la pêche (1987-2022)

Dans le secteur de la pêche et des affaires maritimes, les relations entre l'Union européenne et la Mauritanie sont anciennes, riches et en constante évolution. Elles sont le reflet de l’histoire, des échanges humains et commerciaux, d’intérêts économiques convergents et des relations diplomatiques et de coopération qui se sont nouées au lendemain de l’indépendance de la Mauritanie.
Depuis plusieurs siècles, la richesse des côtes mauritaniennes en ressources halieutique a attiré navires de pêche et commerçants européens.
Les intérêts communs des pêcheurs européens, le désir de la Mauritanie de mieux tirer bénéfice de ses importantes ressources et la demande croissante de poisson dans le monde ont conduit la Mauritanie et la Communauté Economique Européenne de l’époque à se rapprocher dès 1987 pour signer un accord de partenariat dans le secteur de la pêche. L’objectif était à l’époque de dépasser une simple relation commerciale et de voisinage pour établir en commun une relation stratégique durable.
En 2022, l'Union européenne (UE) et la Mauritanie sont l’un pour l’autre les plus gros partenaires dans le secteur des pêches. Nous sommes liés par un Accord de partenariat de pêche durable (APPD) signé en 2021 qui s'inscrit pleinement dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (UNCLOS) et dont la mise en œuvre est déclinée dans le cadre de protocoles de mise en œuvre. Dans une perspective de durabilité et dans le respect des principes énoncés dans la convention UNCLOS, l'Union européenne négocie sur la base des meilleurs avis scientifiques disponibles des possibilités de pêche prenant en compte les besoins de la flotte mauritanienne et de sa propre flotte.
Le protocole en vigueur (2021 - 2026) autorise les pêcheurs européens à pêcher chaque année jusqu’à 288 000 tonnes de poissons et crevettes dans le cadre de différentes pêcheries. En échange d’un accès à ses zones de pêche, la Mauritanie reçoit de l'UE une contribution financière annuelle (57,5 millions EUR les deux premières années du protocole en cours ; révision de cette contribution à partie de la 3ème année) et un appui au secteur des pêches (16,5 millions EUR sur 5 ans). En outre, les redevances annuelles des armateurs liées aux licences et aux captures pour les armateurs s'élève à 36, 5 millions EUR par an, si les quotas sont pleinement pêchés. Par ailleurs, 2% des captures pélagiques (potentiellement 4 950 t/an) sont remises à la Société Nationale de Distribution du Poisson chargée de les distribuer à bas prix aux populations mauritaniennes nécessiteuses.
Du point de vue commercial, la première destination en valeur des exportations de poissons frais ou congelés reste l’UE (33 % des exportations en valeur, soit environ 180 M EUR pour 44 000 t, données 2020). Cette ouverture vers le marché européen est rendue possible en particulier grâce à la coopération fructueuse entre l'inspection sanitaire mauritanienne (ONISPA) et les services chargés de la santé et de la sécurité sanitaire de l’alimentation de l'UE (DG SANTE). La procédure d'exportation requiert aussi un mécanisme efficace de coopération entre le Port de Nouadhibou, les Garde-côtes (inspection, décompte des captures), l'ONISPA et les douanes afin de transborder/débarquer et exporter les captures européennes depuis Nouadhibou et Nouakchott.
Globalement, les activités liées à la pêche entre l'Europe et la Mauritanie sont unes des principales sources de devises étrangères pour ce pays de la bande sahélienne (hors activités minières : fer, or, cuivre). Elles génèrent des relations économiques, sociales et humaines intenses. Environ 60 % des marins exerçant sur les navires européens sont mauritaniens. Les activités liées à la pêche des européens en Mauritanie représentent une source d'emplois significative, aussi bien en mer qu'à terre. Ces synergies résultent notamment des financements en appui au secteur dont bénéficient l'Académie navale (formation technique secondaire et supérieure).
L'APPD permet aussi de renforcer la gouvernance durable des pêches en Mauritanie, notamment par la coopération entre scientifiques dans le cadre du Comité scientifique conjoint, organe créé par le partenariat. Outre la recherche halieutique (IMROP), cet APPD contribue également à financer la surveillance et le contrôle des pêches (Gardes Côtes), le contrôle sanitaire à l’export (ONISPA), ainsi que le fonctionnement d'aires marines protégées (Banc d'Arguin, Diawling, BACOMAB) participant ainsi à la préservation des ressources halieutiques.
Ce financement est un des résultats tangibles des financements en appui au secteur présent dans les accords de pêche depuis le premier accord signé en 1987. Il représente un apport significatif au développement du secteur (pêche artisanale, industrielle, commerce) et à sa crédibilité à l'échelle internationale. Les bénéficiaires incluent les institutions chargées de la surveillance des pêches, la recherche halieutique, les infrastructures portuaires (Nouakchott, Nouadhibou, Tanit), la formation, l'inspection sanitaire, les chantiers navals, le Parc national du Banc d'Arguin, le Parc national du Diawling et le Fonds fiduciaire BACOMAB. L'appui sectoriel de l’accord de pêche n'est pas le seul instrument que l'Union européenne met à disposition de la Mauritanie pour développer son secteur des pêches. En effet, le fond fiduciaire d’urgence pour l'Afrique (24 M EUR), le Fonds européen de développement (projets régionaux, appui à la société civile), sont mobilisés de manière cohérente et complémentaire. Ils appuient la mise en œuvre de la Stratégie nationale du secteur des pêches et de l'économie maritime, respectant les objectifs stratégiques européens. Le fonds fiduciaire d’urgence permet le développement de valeur ajoutée dans la pêche artisanale ainsi que la création d’emplois décents dans ce domaine, les projets régionaux soutiennent la coopération régionale et la lutte contre la pêche illégale (PESCAO) et l'utilisation d'images satellitaires (MESA).
La ligne thématique "société civile" vise le renforcement et la structuration des professionnels de la pêche artisanale. Dans le secteur industriel privé, la Banque européenne d'investissement a accordé avec succès deux prêts à des fleurons de l'industrie mauritanienne, à savoir la MIP-Frigo à Nouakchott et la SEPH à Nouadhibou, de même qu’elle a contribué au dragage du port minéralier de Nouadhibou.