Renforcer le plaidoyer pour un agropastoralisme apaiséDepuis près d’une décennie, l’agropastoralisme : depuis près d’une décennie, l’agropastoralisme est au coeur des axes de développement en Afrique et particulièrement en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Ce mode d’élevage, en grande partie, basé sur la transhumance caractérisée par la circulation d’éleveurs et de leurs troupeaux de zones de rareté vers des zones de pâturage et d’eau, habituellement sur une base saisonnière, contribue à améliorer l’économie de la sous-région sous divers angles. Malgré son importance économique, l’élevage mobile est associé à des conflits parfois extrêmement violents. En grande partie, liés à une pression accrue sur les ressources et à des entraves croissantes à la mobilité de l’élevage, ces conflits conduisent de nombreux décideurs à vouloir sédentariser les systèmes d’élevage.
C’est pourquoi, le CILSS dans sa Stratégie quinquennale 2015-2019, a fait de l’agropastoralisme un axe majeur et il coordonne à ce jour trois grandes initiatives régionales pour contribuer à améliorer cette filière qui est une source de revenus pour plus 25 millions de personnes essentiellement dans les pays sahéliens. Il s’agit du Projet régional d’appui au Pastoralisme (PRAPS) depuis 2016, le Projet régional de Dialogue et d’Investissement pour le Pastoralisme et la Transhumance au Sahel et pour l’Afrique de l’Ouest (PREDIP) depuis 2018 et le Projet Elevages et Pastoralisme Intégrés et Sécurisés en Afrique de l’Ouest (PEPISAO) depuis 2018 également.
A travers ces projets, le CILSS développe des approches et des mécanismes pour prévenir et gérer les conflits mais aussi pour doter les acteurs et partenaires d’outils pour mieux pratiquer leur élevage et améliorer ainsi leurs revenus. Pour y arriver, le CILSS à travers le Centre Régional Agrhymet a mis place un Master en Pastoralisme qui est à sa troisième promotion et il s’emploie à renforcer le plaidoyer auprès des acteurs et des partenaires des pays côtiers.
Au cours de l’année 2019, et à la faveur de la mise en oeuvre du PREDIP et du PEPISAO, le plaidoyer a été renforcé auprès des Autorités du Niger, du Mali, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Burkina Faso et du Nigéria mais aussi auprès des Hauts Responsables de la CEDEAO et de l’UEMOA. L’objectif est de sensibiliser tous les acteurs sur l’importance économique de l’agropastoralisme facteur d’intégration sous régionale. Le plaidoyer a été aussi renforcé avec l’instauration de deux autres cadres de concertation de haut niveau. Outre le cadre de haut niveau du couloir central qui regroupe le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo qui a tenu sa 6ème édition du 7 au 10 octobre 2019 à Accra ; la CEDEAO et le CILSS avec leurs partenaires régionaux que sont l’APESS et le RBM, ont initié la première édition du cadre de concertation dans le Bassin du Lac Tchad (couloir Est) tenu du 24 au 25 septembre 2019 à Ndjamena avec la participation du Niger, du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et de République Centrafricaine et la première réunion de haut niveau du couloir Ouest regroupant le Sénégal, la Gambie, le Mali, la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, la Mauritanie et la Guinée Bissau tenu du 19 au 21 novembre 2019 à Dakar. Dans leur majorité, ces rencontres régionales ont été marquées par des conférences ministérielles, une façon de renforcer le plaidoyer avec les principaux décideurs nationaux, régionaux et internationaux afin que l’agropastoralisme soit pris en compte comme facteur d’intégration régionale et de réduction de la pauvreté aussi dans les pays côtiers que dans les pays sahéliens. Le chemin parcouru nous permet d’espérer en des lendemains meilleurs pour un agropastoralisme apaisé en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Nous y parviendrons avec l’appui de tous.
Par Djimé ADOUM, PhD.
Secrétaire Exécutif du CILSS
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