L'Union européenne et le Tchad  ont conjugué leurs efforts dans la lutte contre la sous-nutrition, avec trois priorités stratégiques : a) renforcer la mobilisation et l’engagement politique dans ce domaine ; b) accompagner le changement d’échelle des actions entreprises au niveau national ; et c) contribuer à la généralisation des connaissances en matière de nutrition. Le Plan d’Action relatif à la Nutrition de l'UE poursuit la concrétisation de cette démarche, dans lequel s’inscrit également le mouvement SUN (Renforcement de la Nutrition)qui prend en compte les principales priorités notamment les activités qui ciblent la "fenêtre de premiers 1000 jours" et les Cibles Mondiales  pour améliorer la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant, adoptées en 2015 par l’Assemblée Mondiale de la Santé. L'UE, en partenariat avec  le Gouvernement du Tchad (Ministère de la santé publique) souligne l’importance de définir des engagements nationaux adaptés, de formuler des programmes pertinents dans le domaine de la qualité de la nutrition, et de continuer à promouvoir les partenariats de travail. L’un des volets du portefeuille de la UE relatif à la nutrition consiste à soutenir le développement et le changement d’échelle de l’enrichissement des aliments, afin de contribuer à éradiquer la malnutrition notamment les carences en micronutriments parmi les populations vulnérables.

La malnutrition reste un frein majeur au développement du Tchad. Parmi les enfants de moins de cinq ans, 40% accusent un retard de croissance qui se traduit par un affaiblissement des capacités physiques et intellectuelles des individus et globalement 13% souffrent de malnutrition aiguë qui se traduit par la faim. On estime que 43% de la mortalité infantile est directement associée à la malnutrition. 47% des femmes en âge de procréer sont anémiques, un taux alarmant et très supérieur à la norme de l’OMS. Les pertes économiques dues à la sous-nutrition au Tchad sont estimées à 9.5% du PIB par an. La Délégation de l’EU a récemment décidé conjointement avec les autorités nationales au Tchad de renforcer le développement de l’enrichissement alimentaire. Celui-ci constitue l’une des stratégies du portefeuille « Nutrition » de la Délégation et du Gouvernement contribuant à lutter contre les carences en micronutriments et la malnutrition.

Afin de renforcer son engagement auprès du gouvernement tchadien dans le secteur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’Union européenne finance deux projets relatifs à la fortification des aliments destinés aux enfants de 6 à 24 mois, à hauteur de 6,5 millions d’Euros (4,2 milliards FCFA).

Le premier projet « PRO-FORT » (Production locale d’aliments de compléments fortifiés), lancé officiellement le 17 novembre 2016 est mis en œuvre conjointement par quatre agences des Nations Unies (le  PAM, l’UNICEF, la FAO et l’OMS). Ce projet vise à favoriser la production et la consommation d’une farine fortifiée à base de maïs dans trois régions pilotes (le Mayo Kebbi Ouest, le Mayo Kebbi Est et le Kanem). Ce programme permettra en outre d’attirer l’attention sur l’importance de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant essentielle pour lutter contre la malnutrition infantile au Tchad.

Le deuxième projet « AFORT » , dont le lancement  officiel a lieu ce 25 avril, a pour objectif d’appuyer les femmes productrices d’aliments locaux fortifiés. Mis en œuvre par le Programme Alimentaire Mondial ce projet sera basé sur une revue nationale exhaustive des initiatives existantes en matière de production artisanale de farine enrichie et sur un renforcement des capacités des productrices sélectionnées dans le cadre du projet.

Grace à leur complémentarité ces initiatives contribueront à une amélioration sur le long terme de la situation nutritionnelle des enfants de 6 à 24 mois à travers une plus grande disponibilité et un meilleur accès à des aliments fortifiés, de qualité et produits localement.

La fortification alimentaire s’inscrit dans le cadre de la Politique Nationale de Nutrition et d’Alimentation (PNNA) et constitue l’un des moyens qui permettra de contribuer à atteindre d’ici 2030 l’Objectif de Développement Durable numéro 2 « Faim Zéro».