MOE UE Madagascar 2018: Dans un contexte fragile, le peuple malgache a voté dans le calme pour consolider la démocratie
La Mission d’Observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) – Madagascar 2018 a présenté aujourd’hui lors d’une conférence de presse sa déclaration préliminaire sur l’observation de l’élection présidentielle du 7 novembre 2018. Ces premières conclusions portent sur l’analyse du processus électoral dans son ensemble : l’environnement de la campagne électorale, le cadre légal pour la tenue de l’élection présidentielle, la performance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le rôle des médias et de la société civile, ainsi que celui des observateurs nationaux. La déclaration préliminaire porte une attention spéciale au déroulement du jour du scrutin observé par plus de 100 observateurs européens dans l’ensemble du territoire malgache.
À cette occasion, le Chef des observateurs, Monsieur Cristian Preda, rappelle à tous les acteurs du processus l’importance d’accueillir les résultats provisoires de l’élection présidentielle dans le calme et l’apaisement. La Mission les appelle à utiliser uniquement les voies légales qui s’offrent à eux pour toute contestation.
Les principales conclusions de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne à ce stade sont :
- La campagne électorale a été marquée par l’absence de plafonnement des dépenses de campagne entrainant des disparités de moyens financiers visibles entre les trois derniers ex-présidents et les autres candidats. Cette période, calme en province, plus agitée dans la capitale, a aussi été caractérisée par l’absence de sanctions de la part des autorités chargées de contrôler les abus, malgré les dénonciations publiques et les inquiétudes relevées par le « Collectif des candidats contestataires » et Transparency International. La MOE UE regrette que sa recommandation de 2013 sur le plafonnement du financement de la campagne n’ait pas été suivie.
- L’adoption du nouveau cadre juridique régissant l’élection présidentielle permet la tenue d’élections conformément aux normes et obligations internationales auxquelles Madagascar a souscrit. Ce cadre juridique demeure cependant fragile et devra être renforcé afin de clarifier certaines dispositions restées imprécises et combler des vides juridiques visant notamment le plafonnement des dépenses de campagne, la traçabilité du financement des partis politiques ou encore les délais de contentieux électoral jugés trop courts.
- La Commission électorale nationale indépendante – CENI a fait preuve d’engagement et de professionnalisme. L’identification des électeurs sur les listes électorales révisées dans l’exercice de distribution des cartes d’électeur a créé des dysfonctionnements observables jusqu’au jour du scrutin.
- Malgré le déblocage tardif par le gouvernement, à une semaine de l’élection, des fonds nécessaires à la finalisation de son organisation, la CENI a démontré sa volonté d’indépendance, de neutralité, de professionnalisme et de transparence. Par ailleurs, ses démembrements ont maîtrisé le calendrier électoral. La société civile a confirmé des améliorations de transparence et d’accessibilité, mais dénoté une communication parfois insuffisante.
- La MOE UE a constaté un caractère désordonné du processus d’identification des électeurs sur les listes électorales disponibles à l’extérieur des bureaux de vote et la distribution des cartes d’électeurs de « dernière minute ». Ces éléments ont eu des répercutions durant le scrutin. La distribution des cartes d’électeur, à l’instar de ce processus avant le scrutin, n’a pas été organisée de façon systématique.
- La MOE UE relève la bonne coopération entre la population et l’ensemble des forces de sécurité composées de la police, de la gendarmerie et des militaires.
- Les opérations de vote se sont déroulées dans un climat de calme et de manière globalement ordonnée. Les retards portant sur l’ouverture des bureaux de vote ont été contenus - moins de 5% avec plus d’une heure de retard. Alors que les procédures de vote ont été maitrisées, celles liées au dépouillement, tout en s’étant déroulées dans le calme et la transparence, se sont caractérisées par des affluences excessives de la part du public, ajoutées aux difficultés techniques de mener ces opérations. Par ailleurs, la MOE UE déplore que les procès-verbaux n’aient pas été affichés à l’extérieur des bureaux de vote dans deux cas sur cinq.
- Le monitoring des médias de la MOE UE a révélé que les médias publics ont respecté les dispositions de la CENI, tandis que les médias privés ont fait preuve de partialité envers les candidats, et que les espaces payants ont primé sur leur traitement éditorial.
- Malgré les recommandations de la MOE UE de 2013, le rôle des femmes dans la vie politique reste limité et la loi existante ne garantit pas suffisamment la parité. Bien que cinq femmes soient présentes parmi les 36 candidats, elles demeurent sous-représentées dans la scène politique, les partis politiques et l’administration électorale spécialement dans les régions rurales.
- Les droits humains fondamentaux sont garantis par la loi, cependant la MOE UE constate l’absence de mesures d’application assurant l’inclusivité et l’accessibilité aux électeurs atteints d’infirmités, hospitalisés ou en détention préventive. La Commission Nationale Indépendante de Droits de l’Homme devenue opérationnelle en 2017, constitue une avancée importante.
La délégation du Parlement européen intégrée à la MOE UE et conduite par Madame Lidia Geringer de Oedenberg adhère aux conclusions de la déclaration préliminaire.
La déclaration préliminaire de la Mission ne contient que les premières conclusions de l’observation. Un rapport final plus détaillé́ sera remis aux autorités malgaches à la fin du processus électoral. Ce rapport inclura des recommandations utiles pour l’amélioration des processus électoraux futurs.
La MOE UE restera à Madagascar jusqu’à la proclamation des résultats définitifs, y compris en cas de second tour, et publiera ultérieurement un rapport final comprenant une analyse complète du processus et des recommandations pour les élections futures.
Une version intégrale de la déclaration préliminaire peut être consultée en ligne à l’adresse suivante :
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