Conférence pour la Journée internationale des Droits des Femmes : Atteindre l’égalité des genres au XXIe siècle

10.03.2021

À l'occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, la Délégation de l'UE a co-organisé une conférence spéciale en ligne avec l'Amicale Femmes du Conseil de l'Europe, intitulée "Par-delà les plafonds de verre : Surmonter les obstacles et atteindre l'égalité des genres au XXIe siècle".

L'égalité des genres et l'autonomisation des femmes figurent depuis longtemps à l'ordre du jour dans le travail de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe. C’est un sujet transversal qui recoupe toute une série de questions, allant de l'accès à l'éducation et aux soins médicaux à l'égalité des chances dans la vie professionnelle. Cependant, les femmes, en Europe et comme ailleurs, continuent de faire face à diverses formes de discrimination et de stéréotypes uniquement parce qu'elles sont des femmes. Le genre demeure un marqueur fort de l'inégalité.

En 2021, la Journée internationale des Droits des femmes a été consacrée au « Leadership des femmes : Pour un futur égalitaire dans le monde post-Covid-19 ». S’inscrivant dans le cadre de ce thème, la Délégation de l'UE auprès du Conseil de l'Europe et l'Amicale Femmes du Conseil de l'Europe ont accueilli six femmes remarquables, qui occupent des postes de direction dans divers domaines, pour discuter des plafonds de verre, des écarts de rémunération et autres obstacles, ainsi que des solutions pour les surmonter. La conférence était ouverte au public via une diffusion en direct et a rassemblé environ 200 participants de plus de 20 pays différents.

Dans sa présentation inaugurale, la Professeure Jutta Allmendinger, Présidente du Centre des Sciences Sociales de Berlin, professeure de Sociologie de l'Education et de Recherche sur le Marché du Travail, a donné un aperçu détaillé des problèmes structurels liés aux problématiques de genre en Europe. Se concentrant sur la situation en Allemagne, elle a souligné l'insuffisance des dispositions relatives aux jeunes enfants, l’inégalité fiscale et les différences d’incitations au congé parental. Ces éléments contribuent à creuser les écarts de rémunération, de soins et de pension entre les genres et augmentent les taux de pauvreté chez les femmes. Pour lutter efficacement contre les plafonds de verre et les inégalités, Mme Allmendinger a plaidé en faveur de réformes législatives et fiscales plus poussées, notamment en en ce qui concerne les congés de maternité et de paternité, la scolarité et la garde d'enfants.

Lors de la première table ronde, consacrée aux politiques en matière d'égalité des genres, les intervenantes ont souligné que l'augmentation du nombre de femmes dans les postes de direction est une nécessité et une condition pour atteindre l'égalité des genres. Despina Chatzivassiliou-Tsovilis, nouvelle Secrétaire Générale de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe, et première femme à occuper ce poste, a souligné le rôle essentiel des Parlements dans la vie politique et, par conséquent, leur responsabilité dans la promotion d'une législation intégrant pleinement les questions liées au genre. Les assemblées parlementaires internationales jouent, en outre, un rôle essentiel dans l'identification et le partage des bonnes pratiques.

Deux diplomates de haut niveau, Représentantes Permanentes auprès du Conseil de l'Europe, ont partagé leurs points de vue de spécialistes sur la manière dont la coopération internationale peut promouvoir et défendre les droits des femmes dans le monde. L'Ambassadrice française Marie Fontanel a illustré le rôle que peut jouer la diplomatie pour faire progresser l'égalité des genres en présentant deux initiatives récentes: le Partenariat de Biarritz pour l'égalité entre les femmes et les hommes, qui vise à rassembler et partager les meilleures pratiques législatives, et le Forum Génération Egalité, qui se tiendra en juin 2021 à Paris. L'Ambassadrice finlandaise Nina Nordström a expliqué les objectifs de la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, plus connue sous le nom de Convention d'Istanbul. Celle-ci défend une politique de tolérance zéro contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes et de violence domestique, visant à lutter contre l'impunité et s’assurer de que les agresseurs rendent des comptes

Françoise Lauritzen, ancienne fonctionnaire du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, a partagé ses précieuses observations sur la manière dont la plus grande organisation internationale au monde œuvre en faveur de l'égalité des genres dans tous les domaines. Elle a notamment expliqué l'importance de la parité au sein du personnel chargé de mener les actions humanitaires, afin de garantir que les femmes réfugiées reçoivent l'assistance dont elles ont besoin, dans le plein respect du contexte culturel. Cela est d'autant plus important que les femmes réfugiées sont de manière disproportionnée victimes de violences. Mme Lauritzen a également souligné l'urgence de mettre fin à la pratique des mutilations génitales féminines, qui violent le droit des femmes et des filles à ne pas être soumises à la torture et à des traitements cruels, inhumains ou dégradants.

La discussion s’est ensuite tournée vers le secteur culturel. Francine Raveney, consultante internationale en matière d'égalité des genres et de communication et Fondatrice du Réseau européen des femmes de l'audiovisuel, nous a donné un aperçu de la représentation des femmes dans l'industrie audiovisuelle et de son évolution au cours des dix dernières années. Tout en soulignant la nécessité de poursuivre la sensibilisation, elle a salué les efforts des plateformes de streaming pour combler les écarts entre les genres.

Speakers of an event

Au cours de la deuxième table ronde, les intervenantes ont partagé des histoires personnelles sur l'inégalité des genres et les plafonds de verre. Mme Chatzivassiliou-Tsovilis a rappelé une étude menée par l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe et l'Union Interparlementaire en 2018, où 85% des femmes parlementaires ayant répondu à l'enquête ont déclaré avoir été victimes de violences psychologiques, et un quart d'entre elles avoir été victimes de violences sexuelles. Abordant les questions relatives à l'industrie cinématographique, Mme Raveney, a souligné que les personnes responsables de l’attribution des financements dans l'industrie cinématographique et au-delà, conservent des préjugés à l'égard des contenus produits par des femmes. Mme Fontanel, Mme Nordström et Mme Lauritzen ont toutes fait part d’expériences personnelles du sexisme et des préjugés sexistes auxquels elles ont été confrontées dans leurs carrières dans l'administration publique et la diplomatie, témoignant de l'omniprésence de ces problèmes et l'urgence de les traiter.

Ces récits inspirants, de réussites, mais aussi d'expériences difficiles, ont mis en lumière les problèmes encore à résoudre sur la voie de l'égalité des genres. Les témoignages des intervenantes ont également souligné l'importance de promouvoir activement l'autonomisation des femmes, de protéger leurs droits et de lutter contre les inégalités entre les genres au niveau international, grâce à une coopération multilatérale efficace. Dans ce contexte, l'UE et le Conseil de l'Europe travaillent en synergie pour promouvoir l'égalité des genres dans tous les domaines, en Europe et au-delà. La Stratégie de l'UE  en faveur de l'égalité hommes-femmes 2020-2025 concrétise l'engagement de la Commission à réaliser une Union de l'égalité, et le nouveau Plan d'action de l'UE sur l'égalité  des sexes et l'émancipation des femmes dans l’action extérieure 2020-2025 (GAP III) vise à accélérer les progrès en matière d'émancipation des femmes et des filles partout dans le monde.