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Lancement du projet « Partenariat Contre le Trafic, l'Exploitation des Enfants et les Violences faites aux Filles et aux Femmes (PACTE pour les Enfants et les Femmes) »

23.03.2017
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Allocution de Mme Delphine Delieux, Chargée d'affaires ai de l'Union européenne au Bénin à l'occasion du lancement le 23 mars 2017 à Cotonou du Projet « Partenariat Contre le Trafic, l'Exploitation des Enfants et les Violences faites aux Filles et aux Femmes (PACTE pour les Enfants et les Femmes) » mis en œuvre par l'ONG CARE France

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Excellence Madame la Ministre du Travail, de la Fonction Publique et des Affaires Sociale,

Madame la Directrice de CARE Bénin/Togo,

Monsieur/Madame le/la Représentant/e du Conseil Consultatif National des Enfants,

Mesdames et messieurs les représentants des mairies,

Mesdames et messieurs les représentants des organisations non gouvernementales,

Chers invités, Mesdames et Messieurs,

C’est avec un plaisir particulier que je prends la parole ce jour, à l'occasion de la cérémonie de lancement du projet « Partenariat Contre le Trafic, l'Exploitation des Enfants et les Violences faites aux Filles et aux Femmes (PACTE pour les Enfants et les Femmes) ».

Ce projet s´inscrit parmi les initiatives financées grâce à l´Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l'Homme, un de principaux outils à disposition de l´UE pour l'appui à la société cvie dans son rôle de défense des libertés fondamentales et démocratiques dans les pays où nous sommes présents.

La protection des droits de l'enfant est au cœur de notre Stratégie 2016 – 2020 pour les Droits de l'Homme et la Démocratie au Bénin, où elle figure à la première place des priorités. Ce n'est pas par hasard. Nous avons constaté que les droits des enfants sont très peu respectés, qu'il s'agisse d'exploitation domestique, de travail sur les chantiers, de mariage et grossesses précoces ou encore d'abus sexuels en milieu scolaire, pour ne citer que quelques exemples. En outre, il existe une forte acceptation par la société de nombreuses violations, une absence de conscientisation, ce qui rend la protection efficace difficile.

La traite des enfants est un autre fléau inquiétant au Bénin. Les victimes de la traite interne au Bénin sont en large majorité des filles exploitées pour des tâches domestiques dans les foyers et dans le commerce informel (marchés, gares routières). Souvent également victimes d’exploitation sexuelle et de violences corporelles, ces filles sont d’une manière générale privées de tous leurs droits fondamentaux (protection, éducation, santé).

Il en va de même des droits des femmes. Une étude de la femme au Bénin réalisée en 2013 par le PNUD détecte qu'en dépit de la législation existante, le non-respect des droits de la femme demeure une réalité. Cela se traduit souvent par:

(i) la difficulté qu’ont les femmes à accéder à la justice en cas de violence (procédures judiciaires méconnues, longues, coûteuses et complexes, l’analphabétisme des femmes).

(ii) la très faible application des textes de loi adoptés en faveur des femmes et de la promotion du genre (l’application des instruments juridiques pose parfois problème du point de vue de la procédure. Les juges et Officiers de Police Judiciaire éprouvent souvent de difficultés pour enclencher des poursuites en direction des auteurs de violation des droits de la femme et de la fille).

Une réponse insuffisante à la demande de protection des plus vulnérables débouche sur des dynamiques sociales extrêmement graves, comme reconnu par un rapport sur les violences faites aux femmes au Bénin publiée par le Ministère de la Famille et de la Solidarité Nationale en 2010.  Selon les résultats de cette  étude, la  violence à l’égard des femmes est très répandue et profondément enracinée dans les mœurs avec des conséquences dramatique sur le bien-être de la femme et de la fille : 69% des femmes avaient subi une violence au moins une fois dans leur vie. Les formes de violences les plus courantes s'étendent des propos injurieux aux coups, à la séquestration, aux mutilations, au harcèlement ou à la traite. Les types de violences sont d’ordre physique (74%), moral (74%) et psychologique (29%) et le système sanitaire ne permet pas de répondre  aux besoins de prise en charge sanitaire réelle.

Cette situation résulte de divers facteurs mais la cause essentielle et la solution résident dans les consciences et la prise de conscience. La méconnaissance des droits de la femme par les femmes elles-mêmes, par les hommes en général et certains groupes sociaux professionnels en particulier est avérée.

Mesdames et Messieurs,

Nos politiques de développement tiennent particulièrement en compte les initiatives en faveur de femmes et des enfants: le nouveau Consensus européen pour le développement met en exergue la promotion des droits des femmes, l'égalité entre les sexes et de l'autonomisation des femmes et des filles et leur protection comme une priorité dans tous les domaines d'action de l´UE.

C´est pour toutes ces raisons que la DUE a décidé avec conviction de soutenir l´initiative qui sera présentée aujourd'hui.

Le projet PACTE s'appuie sur les acquis des initiatives « Etôdé » et Atchè Mi Ton financées par l’Union européenne et qui ont pris fin respectivement le 31 mars 2014 et le 31 Mai 2016. Il devra les prolonger et les consolider. Les stratégies locales et plans d’actions de lutte contre les violences basées sur le genre existant au niveau des communes grâce à « Etôdé » seront actualisées et mise en cohérence avec les Plans de Développement Communal. Les services de la chaîne de référence existante seront améliorés à travers les formations, fonds de défis et appuis institutionnels aux organisations de la société civile. Les Clubs scolaires/jeunes, les Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit, les Associations de Parents d'Elèves seront renforcées et redynamisées pour la lutte contre les Violence basée sur le genre et la protection de l’enfant.

Pour aboutir ces objectifs, le projet PACTE disposera d'une enveloppe de 1.150.000 EUR, soit plus de 753 millions de FCFA, sur une période de trois ans (2017-2020). Comme je viens de le décrire, les enjeux sont de taille, mais la méthodologie proposée et l´expérience de CARE et de ses partenaires locaux (les ONG Equi Filles et FADeC, dont je salue les représentants ici présents) nous persuadent de l'efficacité du projet, que nous entendons suivre de près pour toute la durée de sa mise en œuvre.

Il convient aussi de rappeler que l'Union européenne dispose d´autres instruments pour soutenir le développement social du pays. C´est le cas par exemple du REPASOC, un programme de 12.000.000 EUR pour le renforcement de la société civile au Benin, qui se propose de soutenir le développement équilibré de l'ensemble du territoire avec la participation de tous les citoyens béninois. Le Projet d´Appui à la Justice (PAJ, Xème FED, 8.000.000 EUR) est aussi un outil qui contient plusieurs éléments de compatibilité avec le PACTE, surtout dans le volet qui poursuit une amélioration de l´accès à la justice, y compris pour les classes sociales plus défavorisées.

Je suis sûre que les synergies entre les différentes actions de l´UE et de tous nos partenaires contribueront à une réussite du projet qui est entamé aujourd'hui.

Vive la coopération entre le Bénin et l’Union européenne.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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